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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 septembre [1844], mercredi matin, 11 h. ¼

Bonjour, mon petit Toto adoré, bonjour mon cher amour. Comment vas-tu ce matin ? Comment va ta chère petite gorge ? Est-ce que je ne te verrai pas un peu plus aujourd’hui qu’hier, mon bien-aimé ? Vrai, ce n’est pas assez, même [en se] résignant et en [illis.] le plus possible, le cœur a besoin d’aliment comme le corps, sans cela il souffre. Tu sais bien cela, mon cher adoré, et tu n’es pas gentil de ne pas venir plus souvent et plus longtemps tous les jours. Il fait un temps ravissant aujourd’hui mais à quoi cela [sert] t-il qu’il [fasse beau  ?], il fait toujours assez beau pour rester chez soi et pour attendre son Toto. Voilà mon opinion.
C’est aujourd’hui que tes petits goistapioux reviennent. Tu vas être bien heureux, mon cher petit père, de revoir tes deux beaux enfants. Je voudrais être là pour manger mon pain [plusieurs mots illisibles] de vos [plusieurs mots illisibles] Pense à moi, mon Toto adoré quand tu es heureux, et surtout, pense à moi quand tu es triste. Pense que tu es ma vie et que je mourraia le jour où tu ne m’aimeras plus. Je baise tes chers petits pieds afin de les faire venir plus vite [auprès] de moi.

[Juliette]

BnF, Mss, NAF 16356, f. 143-144
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « mourerai ».


11 septembre [1844], mercredi soir, 5 h.

J’ai fait ce que tu m’as dit, mon amour, j’ai envoyé chercher de la pommadea de Lyon et tout à l’heure je vais la manipuler avec du laudanum. Mais ce n’est pas là ce qu’il me faut. Je voudrais te voir, moi. Je répète toujours la même chose et en conscience c’est plutôt ta faute que la mienne. Car enfin, si tu venais, je n’aurais pas à me plaindre tous les jours que je ne te vois pas et que tu ne viens pas. Vous voyez bien que c’est votre faute.
Jour Toto, jour mon cher petit o, je vous aime. Je ne sais pas si tu pourras me faire sortir ce soir mais, dans tous les cas, j’ai bien mal au pied. C’est une vraie calamité qu’un pied comme ça. Rien n’y fait. J’ai essayé de le frotter avec le reste de ta vieille pommadea mais je ne m’en trouve pas soulagée du tout. Enfin, de quelque côté que je me retourne et par quelque bout qu’on me prenne, je suis fort à plaindre. Tout est là, c’est votre faute. Oui, c’est vrai, taisez-vous et prouvez-moi le contraire, je ne demande pas mieux. En attendant, je bisque, je rage et je vous attends indéfiniment. Taisez-vous, vilain, je ne veux plus vous aimer, voillà ma vollonté.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 145-146
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « pomade ».

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