Guernesey, 30 avril 1858, vendredi soir 9h
Je ne t’avais pas écrit ce matin, mon cher bien-aimé, parce que je voulais absolument faire mes deux corvées VERTUEUSES aujourd’hui malheureusement je crois que j’en serai pour mes frais de cant et d’éloquence auprès de mes deux voisines. Je le regrette pour cette pauvre Miss Ailex qui aurait pourtant grand besoin d’être RENFLOUÉE après la longue GRÈVE qu’elle vient de FAIRE. Du reste, tout n’est pas encore désespéré et ce n’est pas parce que j’ai [presque ?] échoué dans mes tentations que cela l’empêchera de se tirer d’affaires par d’autres que moi et autrement que je le désirais.
Je reviens à mon mouton. Je t’ai à peine vu aujourd’hui, mon petit homme, ce qui me rend ni plus fière ni plus heureuse pour cela. Sans compter que si tu ne me viens pas en aide, je ne pourrai pas envoyer au marché demain parce que je n’ai plus d’argent et que je ne veux pas en demander à Suzanne sous aucun prétexte. D’autre part, Miss Ailex [1] [m’apporte ?] un chapeau et des bas que je l’avais chargé de m’acheter et qu’il faut que je lui rembourse le plus tôt possible comme tu comprends. C’est pourquoi, je te crie bien fort au secours, mon cher petit Toto.
BnF, Mss, NAF 16379, f. 90
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette