13 décembre [1848], mercredi, midi ½ [1]
Je suis sous les armes mon Toto, je vous attends le cœur déployé en vraiea Juju que je suis. Tâchez de ne pas me faire attendre toujours si vous pouvez, parce que c’est un plaisir médiocre et dont je suis un peu rassasiée depuis le temps que j’en prends. Je ne serais pas fâchée même d’en essayer d’une autre espèce. Il y a telle ou telle culotte qui me siérait mieux que l’état de siège prolongé dans lequel vous me tenez depuis trop longtemps. Le jour où il vous plaira de m’en donner une vous ne me serez pas absolument désagréable, je vous assure. Essayez-en, vous verrez que vous n’en serez peut-être pas fâché vous-même. D’ailleurs qu’est-ce que vous risquez ? Vous n’en serez pas moins pauvre après qu’avant et moi j’en serai plus riche d’une journée de bonheur, ce qui n’est pas à dédaigner même sous la République. Je n’insiste pas davantage, mon adoré, sur cette réclamation à laquelle il ne t’est peut-être pas possible de faire droit dans ce moment-ci. J’attendrai que cet inquiétant hiver soit passé pour te rappeler cette dette sacrée.
En attendant je te fais crédit avec la confiance que tu t’acquitteras galamment de tout l’arriéré et je t’aime de toute mon âme.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16366, f. 373-374
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette
a) « vrai ».