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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 octobre [1848], dimanche matin, 9 h. ½

Bonjour mon doux adoré, bonjour, je t’aime et vous ? J’ai déjà vu la femme Godet ce matin. La pauvre femme venait me dire qu’elle n’avait pas encore reçu ses papiers, ce qui n’a rien d’étonnant et je lui ai dit qu’il n’y avait guère possibilité qu’elle les eût avant trois ou quatre jours. Pauvre femme, je comprends son impatience. Sans pain, sans asile, sans ressource aucune et dans une ville où elle ne connaît personne. Il faudra que je demande à la mère Sauvageot si elle ne pourrait pas leur faire avoir des secours par Mme de Mornay. C’est dommage que [ta  ?] femme ne soit pas ici dans ce moment-ci, tu aurais pu lui faire donner quelque chose et comme elle manque de tout à la fois on est bien sûr que tout ce qu’on fera viendra à point pour cette pauvre malheureuse et pour ces deux enfants. Du reste je ne te parle pas d’une lettre absurde que la femme de la rue de Charenton a apportée hier pour une ou un de ses amis. Tu la verras si le cœur t’en dit et si tu ne te lasses pas d’être pris par ces pauvres gens pour TOUT FAIRE. En attendant je voudrais bien que tu puisses faire ma BESOGNE à moi. Malheureusement je suis toujours la dernière servie, quand je le suis, ce qui n’arrive pas souvent. Taisez-vous et aimez-moi ça vaudra bien mieux.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 353-354
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette


8 octobre [1848], dimanche soir, 6 h. ½

Je suis bien contente, mon doux bien-aimé, que ce logis te convienne. D’aborda parce que te voilà débarrassé de l’ennui de t’en occuper, ensuite parce qu’il est auprès de toi, ce à quoi je tenais par-dessus tout [1].
J’espère qu’il ne surgira pas de difficultés pour le bail et que je pourrai être installée d’ici à quinze jours au plus tard. Demain je serai à peu près fixée à ce sujet. Quant à l’arrangement de l’appartement, tu en seras seul juge. Je te promets de ne rien faire que tu n’aies approuvé. Je sens plus que tu ne saurais me le dire combien est lourde la charge et la responsabilité que tu portes en ce moment et je te promets de faire tout mon possible pour payer le lit tout entier. J’ai bien la ressource de la penaillon mais elle n’y consentirait que pour la diminuer. Si je peux vendre tous ces clinquants du théâtre peut-être en ferai-je assez pour un échange et déjà je lui dois 10 francs dans lesquels elle rentrerait tout naturellement. Enfin je ferai pour le mieux, car avant toute chose tu es mon pauvre adoré bien-aimé que j’admire et que j’adore.
Je t’ai pris dans ton buvard cette demi-feuilleb de papier qui était froissée et tachée en attendant que j’achète enfin du papier demain. J’espère que tu viendras ce soir baigner tes yeux adorés [2]. Je le veux, je l’exige, j’en ai bien le droit pour mes deux sous. Dieu que c’est cher !!!!!

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 355-356
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « Dabord ».
b) « demie feuille ».

Notes

[1Juliette Drouet emménagera à la cité Rodier au cours du mois de novembre. Elle se rapprochera ainsi du logement que la famille Hugo occupera dès le 15 octobre, rue de la Tour-d’Auvergne.

[2Victor Hugo vient baigner ses yeux chez Juliette Drouet pour soigner ses problèmes ophtalmiques.

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