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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 mai 1848

13 mai [1848], samedi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon Toto, bonjour, mon adoré bien-aimé, bonjour, mon bon petit homme, bonjour, je vous aime. Je devrais m’en tenir à ce dernier mot parce qu’après lui le reste ne vaut pas l’honneur d’être dit mais j’en serais quitte beaucoup trop tôt et mon plaisir ne durerait pas assez longtemps. Aussi j’allonge le gribouillage le plus que je peux pour me faire plus longtemps illusion parce qu’alors il me semble que je suis un peu moins loin de toi. Si je pouvais je t’écrirais depuis le moment où je te quitte jusqu’au moment où tu reviens. Si je ne le fais pas c’est pour t’épargner l’ennui de lire tous ces stupides remplissages et par pitié pour tes yeux adorés. Car alors tu pourraisa avec raison t’appliquer le fameux : il obélisque mais il trouve la chose hippodrome [1]. Comme je ne veux pas que tu la trouvesb si hippodrome que cela je ne veux pas que tu obélisque à ce besoin immodéré que j’ai de me rapprocher de toi par tous les moyens possibles et impossibles. Je ne pousse pas l’exigence à cet excès enragé. Je veux seulement que vous n’aimiez et ne baisiez que moi ou je vous tue.

Juliette

MVH, 8080
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « pourrez ».
b) « trouve ».


13 mai [1848], samedi après-midi, 2 h. ½

Quel admirable temps, mon bien-aimé, il ne nous manque pour être heureux sous ce beau ciel que deux mois de liberté devant nous et le traitement du vieux Tissot par-dessus le marché. Qu’est-ce qui nous empêche de les prendre en nous y prenant bien. Le bon Dieu n’est peut-être pas si diable qu’il en a l’air et le vieux Tissot ne demande peut-être pas mieux que de faire ce sacrifice à son jeune et intéressant confrère et collègue. Si nous essayons peut-être réussirons-nous plus que nous ne voudrions. Essayons rien que pour savoir comment ils prendront la chose tous les deux. En attendant je bisque, je rage et je me tords dans des coliques sans résultat. C’est une bête de position de laquelle il me tarde d’être sortie car je souffre stérilement ce qui est fort ennuyeux. Il faudrait pour me tirer de là une bonne petite culotte bien faite et bien conditionnée. Tant que je ne l’aurai pas je traînerai donc des souffrances atroces. C’est un parti pris et rien ne pourra m’en faire changer… qu’elle [dessina]. Ceci ne me regarde plus. Voilà mon ultimatum, voyons votre culotte.

Juliette.

MVH, 8081
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) Juliette Drouet a, à cet endroit de la lettre, dessiné un pantalon, jeu de mots-rébus pour la « culotte » qu’elle réclame.

Notes

[1Allusion à élucider.

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