10 mai 1848

10 mai [1848], jeudi, 4 h. ½

Où en es-tu, mon adoré bien-aimé, pour que je dirige ma pensée et mon âme de ton côté ? Je sens que tu dois être à la commission des auteurs mais je ne sais pas où elle se tient, ce qui me contrarie pour mon orientation. J’ai bien envie de t’envoyer mon amour aux quatre points cardinaux à la fois. Comme cela je suis sûre de ne pas me tromper.
J’aurais bien désiré aller au-devant de toi quoique je sois toujours en proie à une bien désagréable préoccupation. Mais tous les maux et toutes les GIRIES [1] – prononcez à l’allemande – du monde ne sauraient m’empêcher d’ALLER où tu es. Aussi si tu avais pu me donner un rendez-vous je ne m’en serais pas privée. Je te prie de le croire pourvu encore que tu reviennes de bonne heure que j’ai le temps de plonger mon âme dans la tienne et de la saturer^a d’amour et de bonheur, je ne me plaindrai pas. Malheureusement je n’ose pas m’y fier. Je le désire de toutes mes forces, c’est tout ce que je peux faire.

BnF, Mss, NAF 16366, f. 177-178
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « saturé ».