2 avril [1846], jeudi matin, 8 h. ¾
Bonjour cher petit [homme ?], bonjour mon Toto adoré, bonjour mon ravissant bien-aimé, bonjour je t’aime. Quel dommage que je n’aie pas pu t’entendre hier [1]. Ce sont des bonnes fortunes que je n’ai jamais……. que chez moi et que je regrette d’autant plus que cela complèterait toutes les émotions d’admirations et d’adorations que j’ai en t’écoutant. Il n’y a aucune chance pour que j’entende aujourd’hui. Trop heureuse si tu peux venir à cette séance quelques instants en sortant de l’Académie. Pauvre adoré, avec tout cela tu te multiplies et je ne sais pas comment tu peux y tenir et résister à tant de fatigue de toute sorte. Ton organisation physique n’est pas moins admirable et moins surhumaine que ton organisation morale. C’est ce qui explique cette force, cette puissance, cette jeunesse et cette beauté persistante qui étonne tout le monde et qui m’éblouit moi. Il est bien convenu que cette fois-ci ne compte pas et que tu me donneras le plus tôt possible des billets pour une séance à laquelle tu assisteras entièrement ? J’y compte de toutes mes forces. Claire se sent bien ce matin et se réjouit d’avance de la pensée de te voir un instant. Cependant le temps se couvre et devient menaçant. Enfin nous verrons à midi où ça en sera. D’ici là je te baise autant de fois qu’il y a de secondes.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16362, f. 333-334
Transcription d’Audrey Vala assistée de Florence Naugrette