Paris, 20 nov[embre 18]78, mercredia matin, 7 h.
Bonjour, mon grand et infatigableb bien-aimé, j’espère que tu as mieux dormi que moi qui n’ai pas dormi du tout, malgré l’exercice des omnibus et des jambes pendant quatre heures hier. Cela tient évidemment au mois et aux choses que je traverse en ce moment-ci. Dès que cette vilaine saison sera finie et que mes dernières épreuves seront épuisées je reprendrai vie et courage en même temps que le soleil montera à l’horizon et que la sève se répandra dans toute la nature. Jusque là, il faut se résigner, toi et moi, à toutes les agitations du baromètre et à toutes les angoisses de notre amour. Nous avons bien fait de profiter du beau temps hier car je doute que la journée d’aujourd’hui nous permette de recommencer notre promenade, surtout aussi longue et aussi accidentée. Au reste tu en jugeras quand l’heure sera venue. En attendant je me hâte de mettre en ordre tes lettres, intéressantes et intéressées, tes papiers et tes journaux, pour être tout à fait à ta disposition tant que tu voudras. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 185
Transcription de Chantal Brière
a) « mercdi ».
b) « infatiguable ».