Guernesey, 4 novembre [18]78, lundi matin, 5 h. ½
Cher bien-aimé, je t’ai obéi, à charge de revanche de ton côté, en dormant comme une marmotte jusqu’à cinq heures du matin. Pour toi, ce n’est pas assez et je veux que tu dormes encore longtemps, mais pour moi c’est plus que suffisant et je vais profiter de ma bonne nuit pour te donner le compte de septembre dernier. J’espère ainsi te les donner tous rétrospectivement jusqu’au mois de janvier inclusivement. Comme toujours, j’attends l’heure réglementaire pour ouvrir ma porte et celle d’envoyer chez toi savoir de tes nouvelles lesquellesa seront, je l’espère, aussi bonnes que je le désire, y compris celles de ton doux Petit Georges et de toute ta charmante et adorable famille. Je viens de prendre ma drogue hémostatique [1], laquelle, jusqu’à présent, ne me fait pas beaucoup d’effet. Mais je m’en fiche puisque tu m’aimes. Ton amour est ma panacée unique et triomphante, et je n’ai pas besoin d’autre chose pour vivre longtemps et heureuse à tes côtés. Sois béni. Je t’adore.
Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House
Syracuse
Transcription de Gérard Pouchain
[Barnett et Pouchain]
a) « lesqu’elles ».