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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 13 oct[obre 18]78, dimanche matin, 6 h.

Bonjour, mon doux adoré, comment as-tu passé la nuit ? As-tu mieux dormi qu’hier ? Je l’espère d’après moi qui n’ai fait qu’un somme de minuit à cinq heures du matin. Depuis une heure que je suis levée j’ai déjà dit adieu à Mademoiselle Stella Matutina [1] et Bonjour à Môsieur Soleil. J’aurais dû commencer par toi (à tout seigneur, tout honneur) mais j’ai préféré attendre qu’il ait allumé tous ses rayons pour les faire servir à illuminer mon gribouillis depuis A jusqu’à Z. Il fait un temps charmant et mon merle chante comme un… merle, qu’il est, pendant que je t’aime comme une âme … damnée que je suis. Aussi donc, tout est bien au ciel et sur la terre, dans mon cœur et dans mon âme.
Je pense avec joie que nos chers voyageurs, Paul Meurice et ses trois chers enfants, vont avoir un temps exquis pour leur dernière étape de Granville à Paris [2]. Et je pense, aussi, que le bon Dieu nous donnera aujourd’hui une heureuse journée bénie où nos deux cœurs n’en feronta qu’un pour dire : je t’adore !

Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House [3]

Syracuse
Transcription de Gérard Pouchain
[Barnett et Pouchain]

a) « ferons ».

Notes

[1Juliette Drouet qui se souvient des Litanies de Lorette et des Litanies de la Sainte-Vierge qu’elle a dû réciter lorsqu’elle était pensionnaire chez les Dames de Sainte-Madeleine, à Paris : « Stella matutina, ora pro nobis », « Etoile du matin, priez pour nous », fait aussi allusion au vers de « Stella » (Châtiments, Livre VI, XV) : « J’ouvris les yeux, je vis l’étoile du matin. » 

[2Paul Meurice et ses trois filles étaient arrivés le 25 septembre. « Mon admirable et excellent et bien-aimé ami, Paul Meurice, a dû arriver hier à Paris. » (Lettre de Juliette Drouet à son neveu Louis Koch, 14 octobre 1878, Juliette Drouet – Lettres familiales, p. 412.)

[3Au bas de la page, Juliette Drouet a écrit, à l’envers : « Je t’envoie le memento concernant tes clés serrées dans la petite armoire à l’éléphant du look-out depuis le 27 juillet 1873. » Le 26 juillet 1873, Victor Hugo a noté dans son Agenda  : « J’ai mis toutes les clefs (qui étaient dans cette armoire) [celle de la galerie de chêne] dans le petit placard à l’éléphant (du look-out). » Un petit coffre de bois, surmonté d’un éléphant en ivoire, est aujourd’hui dans la chambre de Victor Hugo à Hauteville House (Renseignement aimablement communiqué par Odile Blanchette.)

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