Guernesey, 29 sept[embre 18]78, dimanche matin, 6 h.
Cher bien-aimé, je te donne mon bonjour tout flamboyant de la naissance de Petite Jeanne dont c’est le neuvième anniversaire aujourd’hui. On dirait que le ciel s’associe à nos cœurs ce matin pour fêter la naissance de la Petite fille du plus grand des grands-Pères. Le soleil a allumé a giorno [1] ses plus beaux et ses plus grands rayons dont il remplita tout l’horizon. Pendant que mon cœur tout en joie t’envoie toutes les tendresses dont il déborde, j’espère qu’aucun nuage ne troublera cette journée bénie et que Lesclide [2] gardera jusqu’à ce soir le secret de LA GRANDE SURPRISE. En attendant, je fais force de voiles, de rames et de pattes de mouches pour arriver à être prête à l’heure militaire de onze heures. N’oublie pas d’emporter de l’argent pour payer le déjeuner et pour moi aussi qui suis à découvert de 130 F. avec Rosalie à cause du marché d’hier pour trois jours.
Je te dis cela à la hâte en te priant de considérer que nous sommes quatorze à table matin et soir, non compris cinq domestiques, et que ce n’est pas de ma faute, et que je t’adore.
Syracuse
Transcription Gérard Pouchain
[Barnett, Pouchain]
a) « rempli ».