Paris, 27 mai [18]78, lundi soir, 3 h. ¾
Cher bien-aimé, je suis bien contente que tu veuillesa bien, malgré tes nombreuses occupations, me faire sortir tout de suite avec toi. Je t’en remercie avec bonheur et amour. Depuis hier j’ai passé en revue tous les noms de ceux qui dînent plus ou moins souvent chez nous sans pouvoir retrouver celui que tu as invité et oublié pour ce soir. Heureusement qu’il sera temps d’écrire son nom en le voyant. Le temps, qui avait été assez beau jusqu’à cette heure, devient menaçant et je crois que nous serons quelque peu trempés pendant notre promenade. mais mon besoin d’air et de bonheur avec toi me fait passer par-dessus et par-dessous toutes les gouttières. J’ai oublié de te remettre le livre d’Arsène Houssaye : Le Roi Voltaire, ainsi que l’aimable petit mot qui l’accompagne. Je te le montrerai tout à l’heure quand tu seras redescendu de ton donjon. En attendant je te fiche mon cœur à la tête et mes baisers dessus et dessous ton illustre personne.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 139
Transcription de Chantal Brière
a) « veuille ».