Paris, 27 avril [18]78, samedi, midi ½
Cher bien-aimé, comme je tiens à ce que tu sois le plus beau des hommes comme tu en es le plus grand et le meilleur je te prie de te faire couper la barbe d’ici à mercredi jour de l’ouverture de l’exposition [1] dont tu dois faire les honneurs au monde entier au nom de la France à toi tout seul bien plus que tous ceux qui figureronta là officiellement. J’ai déjà prévenu le citoyen Boulet de tenir ses ciseaux tout prêtsb pour cette opération nécessaire. Tu m’as fait dire que tu voulais bien me faire sortir tout de suite après déjeuner aussi me suis-je apprêtéec pour ne pas te faire attendre. Bon voici ton « doux Petit Georges » dans son splendide costume espagnol, il paraît qu’on va faire faire sa photographie et celle de sa sœur avec le costume pareil. De quelque façon qu’on les habille ils ne peuvent être qu’adorables et le soleil lui-même ne peut rien y ajouter. Cela dit, mon grand bien-aimé, je me hâte de te donner en bloc cœur et âme dans un seul baiser.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 113
Transcription de Chantal Brière
a) « figurerons ».
b) « près ».
c) « apprêter ».