Paris, 15 mars [18]78, vendredi matin, 11 h. ¾
Un fichu temps, mon pauvre bien-aimé, mais probablement bien digne de la politique qu’on fera au Sénat aujourd’hui. Je n’ai pas encore pu mettre le nez dans ton livre malgré le désir que j’en ai. Je me dépêche de bâcler mes tracas de ménage pour me livrer tout entière à cette chère lecture dès que tu seras parti. J’aurais été curieuse de savoir si notre cher Paul Meurice a réussi à avoir Mlle Baretta pour Fantine [1]. Peut-être le Rappel [2] nous l’apprendra-t-il ? En attendant je fais préparer ton déjeuner afin que tu n’aies pas de retard pour Versailles par ma faute. Ce soir nous avons tous les Bowes et tous les Lucas, ce qui commence à devenir menaçant surtout si c’est hebdomadaire à perpétuité… mais n’anticipons pas, comme dit le bon Ménélas [3]. Autre guitare, c’est encore un mariage pour toi demain, samedi, à midi. Je t’en fais souvenir pour que tu ne sois pas pris de court. Enfin, mon grand petit homme, pour ne pas laisser rouiller ma scie, je te fais souvenir, aussi, que tu as à corriger quelque chose dans le papier que tu m’as confié. Cela dit : je t’aime, je t’aime et je t’aime à perte de ciel.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 73
Transcription de Chantal Brière