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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 octobre [1847], jeudi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon Victor adoré, bonjour mon pauvre bien-aimé, bonjour. Comment ta pauvre chère femme a-t-elle passé la nuit [1] ? J’espère que rien de plus grave dans sa position ne sera survenu depuis hier au soir. Je le désire ardemment et je voudrais être à huit jours pour me réjouir avec vous tous de sa prochaine et certaine guérison. Le pénible est d’arriver jusque-là mais avec l’aide de Dieu nous y arriverons sans malheur. Cher adoré, personne plus que moi ne souhaite du fond du cœur la vie si précieuse pour vous tous de ta chère et sainte femme. Je ne suis pas suspecte dans mes sentiments car ils viennent de l’amour sans borne que j’ai pour toi. La pensée de te savoir malheureux m’est odieuse et tout ce qui peut y contribuer me fait horreur. Aussi je prie le bon Dieu avec tout ce que j’ai de foi fervente de nous épargner tous en conservant la vie de ta noble et douce femme. J’espère qu’il exaucera tous nos vœux et qu’avant huit jours nous serons tous bien tranquilles à son sujet. En attendant je voudrais déjà avoir vu Joséphine [2] et savoir comment s’est passéea la nuit. J’espère que tu viendras tantôt. Il ne faut pas négliger les conseils de M. Louis. Tout le temps que tu ne donnes pas à ta bien-aimée femme il faut l’employerb à marcher et à te distraire. Je t’en prie à genoux et je t’aime plus que jamais.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 240-241
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « c’est passé ».
b) « l’emploier ».


14 octobre [1847], jeudi, midi ½

Toujours le même état, mon pauvre bien-aimé, mais nous devons nous estimer très heureux de ce que rien de plus alarmant ne se montre jusqu’à présent [3]. Quelle quea soit notre impatience de voir la prompte guérison de cette chère et digne femme, il faut nous résigner à cette stagnation et nous en montrer reconnaissants. Cher adoré, tâche de faire sortir ta petite Dédé. Il est important que cette bonne jeune fille prenne l’air. Il faut tâcher de la convaincre de cette nécessité en lui disant que cela t’est nécessaire pour toi-même. Il faut absolument vaincre sa répugnance, sinon par l’autorité, du moins par l’affection si tendre qu’elle a pour toi. Je comprends de reste le pieux et affectueux motif qui la retient auprès du lit de sa pauvre mère. Mais la prudence exige qu’elle prenne l’air dans l’intérêt même de ta chère femme dont la convalescence aura besoin d’être très ménagée. Aussi, mes chers adorés, je vous recommande à tous le plus grand soin de votre santé et je vous supplie de faire tout ce que M. Louis indique dans cette vue. J’espère te voir tantôt. J’attends et je hâte ce moment de tous mes vœux dans l’espoir que tu m’apporteras de meilleures nouvelles encore que celles que Joséphine m’a données ce matin. S’il suffisait de le désirer de toutes ses forces et de tout son cœur pour les avoir je serais bien tranquilleb et déjà bien heureuse.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 242-243
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « quelque ».
b) « tranquilles ».

Notes

[1Depuis quelques jours Madame Hugo est alitée, victime d’une attaque de fièvre typhoïde.

[2Comme chaque matin depuis que Madame Hugo est malade, Juliette a envoyé sa voisine Joséphine prendre des nouvelles de sa santé.

[3Après une amélioration sensible, l’état de santé de Madame Hugo, atteinte de fièvre typhoïde, reste stagnant.

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