15 août [1847], dimanche matin, 8 h.
Bonjour, mon Victor, bonjour. Ah ! que je te voie lâcher mon chat et tu auras affaire à moi. Ce serait trop commode de se tirer d’affaire à si bon marché. Mais je ne suis pas si dupe. J’entends et je prétends que vous achetiez le bonheur de votre Fouyou. Pas de culotte, pas de jardin, voilà mes conditions.
J’ai déjà donné à cette pauvre femme ta lettre pour M. de Villeneuve [1]. Elle te remercie à genoux. Moi je t’aime et je voudrais donner ma vie pour toi.
Vous saurez, mon Toto, que je ne serai pas toujours aussi blaireuse que cette nuit et que je deviendrai très exigeante ; apprêtez-vous à des actions héroïques, mon noble pair, si vous ne voulez pas perdre votre belliqueuse réputation. En attendant, profitez du répit que vous donnenta mes maux de tête beaucoup trop multipliés pour vous refaire la MAIN.
Tu sais que je continue d’être très bête et que je n’ai pas encore pu trouver le prix de Toto quoique je l’aie cherché dans Le Moniteur cette nuit. En revanche j’ai été poursuivie par des tas de MAJOREL [2] qui ont fini par me tourmenter en rêve comme de vrais cauchemarsb qu’ils sont. Si j’étais Louis-Philippe je ne voudrais pas avoir dans mon gouvernement un homme autant de fois MAJOREL que ce MAJOREL là est MAJOREL. Baise-moi toi et aime-moi et je [lirai ?] MAJOREL à mort.
Juliette
MVH, α 7962
Transcription de Nicole Savy
a) « donne ».
b) « cauchemards ».