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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 21 décembre 1856, dimanche soir, 3 h.

Tu m’avais promis, quand nous serions voisins, de me voir plus souvent et plus longtemps ; mais cette promesse n’était qu’un leurre, comme toutes les autres du même genre. Depuis que je demeure à ta porte, c’est à peine si je t’entrevois une fois le matin et une fois le soir. Je sais bien que j’ai la satisfaction d’être plus près de toi absolument comme seraita un affamé devant un buffet bien garni de victuailles dont il n’aurait pas la clef. En somme, je suis plus seule que jamais et mon cœur fait aussi maigre chairb de bonheur qu’auparavant, ce qui est un fichu régime. Cette plainte qui fait le fond et le tréfond de mes restitus ne doit pas t’amuser beaucoup plus que moi, mon pauvre trop aimé, mais qu’y faire ? Je n’ai pas assez d’imagination pour peupler ma solitude de plaisirs imaginaires et pour substituer des événements amusants à mon perpétuel ennui. Il faut donc que tu te résignes à avoir le contrecoup de mon isolement dans mes monotones et insignifiantes restitus, comme je me résigne moi-même tant bien que mal à ma vie cellulaire et inutile. Heureusement, il y a en ce moment chez toi la joie de la convalescence de ta chère fille, ce qui est bien autrement important que ma tristesse. Cher adoré, c’est bien le moins que tu sois heureux de ce côté-là et que Dieu te bénisse dans ce que tu as de plus cher au monde.

Juliette

Bnf, Mss, NAF 16377, f. 288
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « saurait ».
b) « chère ».

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