Guernesey, 3 juillet 1856, jeudi après-midi, 4 h.
Mon cher adoré, je t’aime. C’est le premier mot qui me vient à la plume quand je t’écris, comme c’est le premier mot qui me vient à la bouche quand je te vois. Ne t’inquiète pas de moi, mon bien-aimé, l’exercice et même un peu de fatigue ne peut que me faire du bien. L’important est que je ne te dégoûte pas dans mon attirail de souillon et de Maritorne [1]. Je te remercie de la bonne petite soirée d’hier et de ta trop petite apparition tantôt. J’espère que tu ne tarderas pas à revenir et que j’aurai le temps de te voir un peu avant le dîner. Du reste, je compte aller m’informer du capitaine AUX POULETS au marché avant mon dîner et d’après les renseignements recueillis, j’écrirai à Suzanne et à la mère Lanvin ce soir. Du reste, il n’y a pas de temps à perdre, car les jours s’écoulent aussi bien à Paris qu’ici et il ne faut pas qu’on attende après moi pour faire mettre au roulage que nous aurons choisia. Je vais me dépêcher de finir quelques petits farfouillis que j’ai commencés et puis je ferai ma correspondance. À bientôt, mon cher petit homme, je t’aime, mets cela dans ton cœur et ne l’en laisse jamais sortir. Et puis maintenant, je te baise autant de fois que tu voudras. À tout à l’heure. JE VOUS ATTENDS.
Juliette.
Bnf, Mss, NAF 16377, f. 186
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette
a) « choisis ».