Guernesey, 19 mars 1856, mercredi matin, 9 h.
Bonjour, mon petit homme, bonjour. C’est aujourd’hui le grand jour du rétamage de vos vieux souliers et de mon Balthazar hebdomadaire. Béni soit-il, ce jour heureux, sous ces deux aspects de vieux amis et de jeune TENDRON Florence. Je voulais insinuer à Suzanne tout à l’heure de [tirer ?] à l’occasion de toutes ces solennités, y compris celle de la NAISSANCE AUGUSTE [1], la fameuse poule aux carottes traditionnelle qui ne sort du fourreau que pour les grands événements politiques, religieux et goinffreux. C’est affreux mais mon éloquence a échoué devant son avarice. Je le regrette car cela m’aurait notoirement tirée d’embarras par ce temps de carême public et de [vêpre ?] privée. Quoia qu’il en soit j’espère que nous n’en ferons pas moins honneur à vos vieilles savates et au jeune REJETON monarchique et empirique qui se produisent l’un portant l’autre. C’est égal je regrette la poule aux carottes décorée de petits drapeaux à devises drolatiques et à pétards pyrotechniques. Il faudra que votre enthousiasme suppléea à tout cela et au RESTE dont Mme Florence ne vous tiendra pas quitte. Quant à moi pourvu que ayez bon appétit et que vous me pardonniez ma stupidité c’est tout ce que je demande pour aujourd’hui.
Juliette.
BnF, Mss, NAF, 16377, f. 93
Transcription d’Élodie Congar assistée de Chantal Brière
a) « Quoiqu’il ».
b) « supplé ».