Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1847 > Juin > 13

13 juin 1847

13 juin [1847], dimanche matin, 8 h.

Bonjour, mon petit Toto, bonjour mon petit bien-aimé, je vous aime et vous êtes bien gentil d’être revenu cette nuit quoique vous ne m’ayez pas parlé et que vous soyez resté très peu de temps. Cette entrevue ou plutôt cette vision m’a fait faire de bons rêves toute la nuit.
Maintenant il faudrait me donner une toute petite culotte printanièrea pour le long hiver que j’ai passé sans la moindre distraction. Vous me l’aviez promis et jusqu’à présent vous ne m’avez pas tenu votre promesse, ce qui compromet furieusement la bonne opinion que j’avais de votre probité politique et littéraire. Et à ce sujet je ne peux pas m’empêcher de regretter de ne pouvoir pas vous entendre lundi. Je n’ai pas voulu insister parce que j’ai bien senti que tu ne voulais pas ou que tu ne pouvais pas me faire aller à la Chambre demain. Non pas pour la raison que tu m’as dite, qui est absurde, puisque je t’ai entendu plusieurs fois à l’Académie, mais pour d’autres qu’il m’est pénible d’approfondir. Cela ne m’empêche pas de trouver que ceux qui vous entendront seront bien heureux et que moi je suis… une pauvre vieille Juju. Baisez-moi, Toto, et aimez-moi, sinon par AMOUR, par pitié, car je ne vis que pour t’aimer et pour être aimée de toi.

Juliette

MVH, α 7918
Transcription de Nicole Savy

a) « printannière ».


13 juin [1847], dimanche après-midi, 1 h.

Je n’ai rien de nouveau à t’apprendre, mon doux bien-aimé, et cependant il faut que je te griffouille quelque chose, quoi que ce soit, pour me faire illusion et tâcher de me rapprocher de toi par la pensée et sur l’aile de ma plume. Voilà une phrase passablement rococo et que j’ai dû trouver dans les vieilles toiles d’araignée de ma vieille maison. Je vous permets de vous en moquer à la condition que vous respectiez l’amour qui est dessous et qui n’est pas cause des mots ridicules dont on l’affuble.
Penses-tu venir bientôt, mon doux bien-aimé ? Il est probable que ton travail t’absorbe tout entier et que tu ne songes plus à ta pauvre Juju qui t’attend et qui te désire de toutes ses forces. Cependant j’ai mis des rideaux dans le salon afin que tu puisses travailler sans être importuné et distrait par les voisins. J’ai tout préparé afin que tu puisses méditer à ton aise.
Il faut que je m’occupe de toi toujours, mon Toto adoré, c’est le moyen de t’attendre avec patience et courage. Je serais bien heureuse si tu pouvais venir de bonne heure et rester longtemps avec moi. Ce ne serait qu’une juste compensation puisque je ne dois pas te voir cette nuit : en attendant, je te baise de l’âme et je t’adore.

Juliette

MVH, α 7919
Transcription de Nicole Savy

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne