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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 janvier [1839], jeudi matin, 8 h. ¾

Bonjour, mon cher adoré, bonjour, mon petit homme chéri. Il y a bien longtemps que je suis réveillée, ce qui n’est pas étonnant après les deux soirées qui viennent de s’écouler et que j’ai passées à dormir comme un loir. Au reste, c’est un sommeil qui n’est pas naturel et qui me fatigue au lieu de me reposer. J’espérais, car j’espère toujours, et j’espérerai tant que je t’aimerai, que tu viendrais cette nuit, mais il paraît que tu as mieux aimé passera ta nuit à travailler pour moi. Je t’aime, de ton courage et de ton dévouement, de toutes les puissances de mon âme, mais je crois que j’aurais l’infamie de reculer les bornes du possible pour t’aimer encore plus si au lieu de te tuer à travailler, tu venais vivre et te reposer dans mes bras. Tâche de comprendre ce que je te dis là car tout embrouillé que ça est, ce n’en est pas moins de l’amour le plus pur et le plus passionné qui soit. Mon cher adoré, tu devrais tâcher de me mener chez la mère Pierceau aujourd’hui pour réclamer mon argent. Au reste, je vais lui écrire dans le cas où tu ne pourrais pas m’y mener. Je voudrais bien voir Ruy Blas aujourd’hui mais je n’ose pas te le demander dans la crainte d’un refus, cependant j’essaieraib. En attendant, je te baise sur tes dents blanches.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 63-64
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « passé ».
b) « j’essayrai ».


17 janvier [1839], jeudi soir, 5 h.

Tu n’es pas encore venu, mon cher petit homme. J’espère pourtant que tu ne tarderas pas à présent. J’ai bien besoin de tes baisers et de vous rebaiser, mon amour. J’ai eu la visite de Mme Guérard tantôt : elle venait me remercier et me demander [cette  ?] loge pour le bal de la Renaissance. Vraiment c’est une très bonne femme mais elle est d’une indiscrétion fatigantea surtoutb pour des gens comme nous qui avons d’autres chiensc à fouetter. J’ai aussi depuis ce matin une lettre de Mme Krafft. Tu verras ce qu’elle contient, je ne l’ai pas ouverte. Je m’étais coiffée aujourd’hui dans l’espoir d’aller à Ruy Blas, mais pour peu que mon mal de tête augmente encore, je me décoifferai et je me coucherai. C’est atroce ce que je souffre de la tête dans ce moment-ci : je suis rouge comme un coq, je n’en peux plus.
J’ai écrit à Mme Pierceau en lui envoyant mes deux factures afin qu’elle éclaircisse cela et qu’elle me fasse rendre mon argent. C’est d’autant plus spirituel ce que j’ai fait là que je suis sans le sou, pauvre bien-aimé adoré, et [c’est ?] toi toujours qui pâtisd de mes bêtises. J’espère pourtant que celle-ci ne te prendra pas une heure de sommeil de plus. Donne ta chère petite bouche rose, que je la baise.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 65-66
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « fatiguante ».
b) « sur tout ».
c) « d’autre chien ».
d) « pâtit ».

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