Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1839 > Février > 12

12 février [1839], mardi, midi ¾

Bonjour, mon petit homme chéri, bonjour mon Toto. Je t’aime. J’ai déjà les petites Besancenot auprès de mon lit qui se disputent le mouton avec des cris de joie et d’envie [1]. Je crains bien que la queue ne reste entre leurs mains, mais j’espère que vous en aurez une de rechange ? C’est aujourd’hui le mardi gras : est-ce que vais rester toute seule, moi ? Ce sera pas très gras. Si vous veniez encore passer la soirée au coin de mon feu, je serais ravie mais vous êtes une vieille bête et surtout un vieux menteur et je vous le prouverai, tantôt. À propos de Gérard et de la représentation [de  ?] [Mont-Louviers  ?], je suis furieuse. Si vous croyez… hier si je vous avais tenu après avoir lu le journal je vous aurais donné une fameuse pile. Vous êtes bien heureux de ne vous être pas trouvé sous ma patte. Papa est bien i. Voime, voime, à la CHIANLIT ! Je voudrais bien vous voir en attendant. Çà, j’ai joliment besoin de vous baiser et de vous adorer. Vous seriez bien gentil et je vous pardonnerais tous vos trines si vous veniez tout de suite. Si non, NON, je vous corrigerai d’importance ne pouvant pas cesser de vous adorer.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 149-150
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette


12 février [1839], MARDI GRAS [2], 11 h. du soir

Mon cher petit bien-aimé, je regrette que tu n’aies pas pu finir la soirée comme tu l’avais commencée. C’était cependant bien emmanché comme ça, et en l’honneur de l’ANNIVERSAIRE, vous auriez dû sacrifier l’INSPIRATION à l’AMOUR ! C’est bien bête à vous de ne l’avoir pas fait. Que voulez-vous que je fasse toute seule de mon genièvre, de mes truffes et de l’impertinence de Joly ? Hein ? Que diable, on n’allume pas une femme pour la laisser ensuite fumer et s’éteindre toute seule comme un lampion de la Saint-Philippe. Vous mériteriez que je retournasse ce soir au théâtre de la Renaissance où nous sommes si bien accueillisa et si bien fêtés. Justement, j’ai le costume complet et il ne tient qu’à moi d’achever ce que vous n’avez fait qu’ébaucher.
Tout cela, mon joyeux, veut dire que je t’aime outre mesure, que je regrette de n’avoir pas fini cette ravissante soirée avec toi et que je te désire de toute mon âme. Le reste, c’est de la sauce de chian-lit dont tu peux faire ce que tu voudras pourvu que tu gardes l’amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 151-152
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette
[Massin, Pouchain]

a) « acceuillis ».

Notes

[1Voir la lettre précédente.

[2La première nuit d’amour de Victor Hugo et de Juliette Drouet, du 16 au 17 février 1833, correspondait au mardi gras.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne