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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 avril 1873

Guernesey, 10 avril [18]73, jeudi matin, 7 h. ¾

Cher adoré, je ne suis qu’à demi contente car j’ai manqué ton entrée mais j’ai eu la joie de ne pas manquer ta sortie qui a été, comme toujours, bien tendre pour moi. Mon bonheur complet aurait été de n’avoir rien perdu de ta trop courte apparition. Une autre fois je tâcherai de m’immobilisera plus entièrement. Jusqu’à présent je n’y réussis qu’à moitié, ce qui m’enrage. Enfin, pourvu que tu aies bien dormi, comme je l’espère, je remercie Dieu avec effusion.
Je n’ai pas encore pris de parti pour notre promenade tantôt car je trouve bien dur de renoncer volontairement à ce précieux petit moment de bonheur intime qui va devenir de plus en plus rare quand le temps sera plus engageant pour Madame Chenay. D’un autre côté il y a peut-être bien de l’imprudenceb à moi à jeter ma vieille goutte aux quatre vents de l’équinoxe. Ce conflit entre mon cœur et ma podagrerie [1] m’embarrassec beaucoup et je crois que j’attendrai bravement que la voiture vienne nous chercher. Je t’en ferai donner avis par Suzanne quand elle te portera ton déjeuner. En attendant mon grand, mon ineffable bien-aimé, je te souhaite tout ce que ton cœur peut désirer et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 97
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « imobiliser ».
b) « imprudance ».
c) « m’embarasse ».

Notes

[1Juliette Drouet souffre régulièrement de la goutte.

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