Guernesey, 4 juillet 1857, samedi matin, 8 h.
Bonjour, mon bien bien-aimé, bonjour, avec le soleil qui commence à se montrer après la pluie, bonjour et beau jour pour tout le reste de la journée, s’il plait à Dieu, et autant que je t’aime. Je ne te demande [pas] si je te verrai ce matin car tu as dû te coucher tard et il faut que tu donnes un coup d’œil à tes ouvriers [1] avant le déjeuner. Mais je t’attends avec tout mon cœur. D’ici là je copierai tes deux ravissantes chansons puis, si je peux, pendant que j’aurai la PLUME EN MAIN, j’écrirai à la petite Julie et à mon neveu [2]. Voilà bientôt deux mois que j’aurais dû leur répondre, il devient urgent maintenant de ne plus ajourner mon STYLE. Cependant si tu venais me chercher pour quelque trippe [3] trique, voire même de viers coffres, je n’hésiterais pas à planter là toute l’épistolerie de famille pour courir la PÉNELLE [4] avec vous, telle est ma faiblesse. Voyons à présent votre force et si vous êtes capable d’une BRILLANTE improvisation. Je vous attends UNGUIBUS ET ROSTRO [5] et je vous aime ad hominem.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16378, f. 120
Transcription de Chantal Brière