Guernesey, 19 janvier 1857, lundi soir, 7 h. ½
Vraiment, mon cher petit saint Vincent de Paula du bric-à-brac, j’admire les prodigieux problèmes que votre filouterie pose à ma naïveté gobe-mouche à propos, non de bottes, mais de damas. Vous avez craint que le seul désir de vous être agréable et que l’honneur de sauver la vie à votre tenture de salon ne me suffisent pas et vous avez cru nécessaire de stimuler mon dévouement par le vil intérêt de mon propre intérêt en faisant luire à mes yeux d’éblouissants horizons de cotonnade rehaussée de vieux galons de laine rouge afin de décider ma cupidité à faire marché de dupe. Mais vous aviez compté sans mon incorruptible probité qui ne transige pas légèrement avec le devoir et [loi ?] par ailleurs. Gardez vos nombreuses VERGES pour une meilleure occasion. Quant à moi je veux continuer d’être mon MÈTRE et d’avoir ma conscience sur un bon PIED… Dites-le à MONsieur CHARLES [1] afin qu’il s’en réjouisse et me [vote ?], chemin faisant, quelques petits remerciements reconnaissants. Maintenant que cette vertueuse balançoire est décrochée et que vos scrupules délicats sont reconnus et attestés par mon admiration sans borne, laissez-moi vous embrasser avec attendrissement. J’entends d’affreux aboiements, serait-ce la fanfare qui vous précède d’ordinaire ? Hélas non… mais si car vous voilà. Quel bonheur sans MESURE. Je vous aime et je vous le prouverai.
[J ?]
BnF, Mss, NAF 16378, f. 17
Transcription de Chantal Brière
a) « saint Vincent de Paule ».