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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 18 janvier 1854, mercredi après-midi, 3 h.

Malgré ton absence et le brouillard épais, je vois distinctement mon amour briller et rayonner sur toute ma vie, mon cher adoré, et mes pensées s’épanouir gaiement à ce soleil de mon âme. Aussi, je vous souris et je vous aime malgré la distance trop grave [1] hélas ! qui est entre nous. J’espère néanmoins que vous ne vous croirez pas obligé d’aller ce soir au théâtre au risque de tomber dans quelque guet-apensa et inévitablement dans quelque fondrière ? Il ne faut pas pousser votre amour………. propre d’auteur jusqu’à vous casser le nez dans quelques badinguistes [2] déposés. ad hoc le long des murs du royal crescent. Après cela, si vous y tenez absolument, si votre bonheur y est intéressé, je suis femme à vous y conduire et même à vous attendre à la porte pour vous ramener avec ma lanterne peu magique. Telle est ma générosité et ma tolérance pour la liberté des cultes. Maintenant que vous savez ce dont je suis capable ne vous gênez pas et tâchez de venir le plus tôt possible avant que le reste du jour soit éteint par le brouillard et que ma patience soit obscurcie par le noir embêtement.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 28-29
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Chantal Brière

a) « guet-a-pens ».

Notes

[1Expression de sa jalousie à l’égard de l’actrice Mlle Grave, venue jouer à saint-hélier le rôle de la reine de ruy blas, au théâtre du royal crescent.

[2Néologisme formé sur « Badinguet », surnom de Louis-Napoléon Bonaparte.

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