15 mars 1877

Paris, 15 mars [18]77, jeudi matin, 10 h.

Cher, cher, cher bien-aimé, j’apprends que ta nuit n’a pas été aussi bonne que je l’espérais ce qui m’attriste à cause de la fréquence de tes insomnies dont la cause est probablement dans l’excès de fatigue et dans les diverses préoccupations qui t’assaillent en ce moment. Le remède à tout cela serait une prochaine villégiature de quelques semaines à Guernesey. Mais, hélas ! je ne suis que trop certaine que tu ne le feras pas et c’est ce qui me tourmente. Je n’insiste pas pour ne pas ajouter un ennui inutile à tous ceux que tu peux avoir déjà et je préfère te parler d’autres choses. Je te prierai de m’indiquer pour le couvert de ce soir comment tu entends distribuer les places des femmes et celles des hommes. Nous serons quatorze en tout, dont sept femmes, M^me Charles et moi comprises, et sept hommes en te comptant. La question est de savoir comment tu entends placer tout ce monde-là. Il faudra que tu me dises aussi comment s’écrit le nom de ta nouvelle recrue [1]. En attendant, je viens d’écrire à M^me Kovalsky de venir dîner mardi prochain avec nous car je n’ai pas d’autre manière de la remercier de sa caisse de thé, comme je n’ai pas d’autre façon de te dire mon amour qu’avec ce mot : je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 77
Transcription de Guy Rosa