Paris, 5 février [18]77, lundi, midi ½ [1]
Cher bien-aimé, je t’écris de mon lit où je suis restée paresseusement me trouvant un peu fatiguée et ayant d’ailleurs une matinée assez laborieuse à faire aujourd’hui ainsi que tu pourras en juger en lisant le petit compte rendu ci-inclus. Tu verras d’après les détails qu’il contient que sur les quatre cents francs que j’ai reçus, il n’en reste que 16, 45, c’est-à-dire insuffisants pour le marché d’aujourd’hui. Tous ces renseignements très précis ne diminuent pas la dépense mais ilsa t’indiquent par livres, sous et deniers où va l’argent que tu me confies et c’est tout ce que je veux pour dégager ma responsabilité envers toi. Cela fait, mon cher bien-aimé, je reviens à mon cher mouton d’amour qui broute à même mon cœur depuis si longtemps sans le diminuer d’un brin. Je le sens même reverdir plus particulièrement ce mois-ci. Il en est du bonheur comme de la douleur, des saisons qui font refleurir dans le cœur les souvenirs roses et les dates noires. Je suis en ce moment en pleine floraison d’amour et je t’adore et je t’aime et je te bénis.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 37
Transcription de Guy Rosa
a) « elle ».