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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 mai 1838

13 mai [1838], dimanche matin, 9 h. ¾

Bonjour mon petit homme chéri, bonjour mon amour adoré, bonjour Toto. Je vous aime mon Victor, et vous ? Je vous désire, et vous ? Je ne pense qu’à vous et vous pensez-vous à moi ? Nous avons été bien i hier au soir et bien spirituels, nous devrions l’être toujours, c’est facile. Je t’aime. Je vais copire la lettre de Rambuteau pour la faire lire à ces pauvres Lanvin. Je viens d’en recevoir une que je crois de mon père [1], je t’attends pour l’ouvrir. Je voudrais bien y trouver la nouvelle qu’il se porte bien. J’ai le pressentiment qu’on donne Marion [2] aujourd’hui. Je voudrais bien y aller, il y a si longtemps que je n’ai vu et entendu les belles choses de mon grand poète que je serai bien ravie si on donne quelque chose de mon Toto à un théâtre quelconque, d’y aller pour applaudir, admirer et aimer l’auteur. En attendant je reste dans mon coin en prière d’amour pour prier le grand saint Victor de m’envoyer tout de suite son homonyme déguisé sous le nom de Toto le bien aimé et le bien désiré et puis je suis votre servante qui vous baise les pieds, les mains, la tête et la bouche.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 144-145
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette


13 mai [1838], dimanche soir, 10 h. ¾

Vous n’êtes pas revenu, méchant petit homme, mais je m’en suis vengée en ne pensant qu’à vous, en ne parlant que de vous et avec vos propres paroles, car j’ai lu les deux derniers actes de Marie Tudor à Mme Pierceau. J’en suis encore tout ébouriffée, on dirait que je viens de jouer la pièce pour de bon. Je suis rouge comme un coq. Mme Pierceau a fait semblant de comprendre et d’applaudir ; elle m’a rapporté les tribulations de son Desmousseaux qu’elle dit le plus malheureux et le plus maltraité des hommes à son théâtre à cause de ses [illis.] littéraires. Je te conterai tout cela en détail, c’est bête et laid comme l’homme en question, mais je veux dans le reste de papier blanc que j’ai ne te donner que de l’amour, car je vous aime Toto. Je t’aime mon petit Toto chéri. M. Pierceau vous a rencontré sur le boulevard. Je l’envie et je donnerais bien plus de deux sous pour avoir été à sa place et je donnerais toute ma chambre doréea pour être où vous êtes en ce moment. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 146-147
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « doré ».

Notes

[1Juliette Drouet appelle ainsi son oncle René-Henry Drouet.

[2On a repris Marion de Lorme à la Comédie-Française en mars.

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