Paris, 19 mars 1880, vendredi matin, 8 h.
C’est vraiment désolant, mon pauvre grand bien-aimé, que tu ne puissesa pas remaillera le sommeil normal de la nuit, car cela te prive des admirables matinées que nous avons depuis un mois, toutes ensoleillées, regorgeantes de sèves, remplies de chants d’oiseaux, des rires des petites filles qui s’en vont à l’école, bras dessus bras dessous, avec des petites câlineries d’amoureuses précoces. Moi je regarde toute cette gaîté assez tristement en pensant que tu n’en profites pas. Enfin, nous avons le Sénat comme consolation, ce qui est peu, même avec l’article 7 quand il y avait un article 7 à l’horizon [1]. Aujourd’hui, il ne s’agit que de réunion dans les bureaux à une heure et demie, et d’une séance publique à deux heures pour traiter de choses administratives. Iras-tu ? That is the question. Dans tous les cas, je me tiendrai prête. Je compte inviter tout le clan des Lesclide à dîner ce soir. Il n’y aura qu’eux et nous. Je pense que tu m’approuveras car je fais toujours pour le mieux, et avec le désir de te plaire.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 79
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « remaillé ».
b) « puisse ».