Paris, 15 février 1880, dimanche matin, 7 h ½
Hélas, mon pauvre bien-aimé, tu as eu encore une mauvaise nuit. Peut-être est-ce que tu te couches trop tard, et que tu prends une trop grande part à la conversation générale depuis les idées [les] plus transcendantes et les plus ardues jusqu’aux marivaudages les plus excitants ? Toujours est-il que tu passes de mauvaises nuits et que tu ne te récupères pas car le sommeil du jour, s’il satisfait le rêve, affaiblit le corps. Je suis très tourmentée de voir que depuis ta grippe tu restes dolent, sinon malade, et je crains que tu ne finissesa par perdre tout à fait la santé. Aujourd’hui il fait un temps admirable et d’une douceur infinie, il serait bon que tu en profitasses au grand air et au grand soleil tantôt. Mais le voudras-tu ? That is the question. En attendantb la réponse, je tâche de me tenir prête en faisant tenir les occupations de toute la journée dans les quelques heures de la matinée.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 46
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « finisse ».
b) « attendans ».