Paris, 10 juillet [1880], samedi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, je te souris avant même de savoir comment a été ta nuit, et je prie Dieu de te conserver en santé, sain d’esprit et de corps comme tu l’es aujourd’hui, bien de longues années encore.
À vingt-quatre heures de distance l’apparition de ce bon et bien regrettable Paul broca s’est montré à moi hier, dans la personne d’un inconnu que j’ai pris pour lui et que j’ai salué comme tel quand il était déjà mort depuis quelques heures, et ce matin, par la lettre que sa pauvre femme t’a fait écrire par une personne de sa famille, puisqu’elle signe du même nom, pour t’annoncer la mort de son mari et te dire que tu seras informé du jour et de l’heure des obsèques dès qu’ils seront fixés. Je pense que tu ferais peut-être bien de ne pas attendre cette seconde lettre pour répondre à la première. Mais tu es meilleur juge que moi de ce que tu as à faire dans cette triste circonstance pour témoigner à la mémoire de ceta excellent homme l’estime et l’affection que tu lui portais de son vivant. Cher adoré, je te souris et je te bénis.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 184
Transcription d’Emma Antraygues et Claire Josselin
a) « cette »