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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 29 novembre 1877, jeudi matin, 10 h.

Je crains, mon pauvre bien-aimé, que ce que je t’ai appris hier en te quittant sur ce misérable André Gill, contre notre bien-aimé Paul Meurice ne t’ait empêché de dormir et je me le reproche [1]. Peut-être aurais-je dû attendre à ce matin pour te faire cette révélation hideuse. Mais j’ai cru bien faire dans le cas où tu aurais été averti à temps pour t’opposer à cette infamie inattendue et imméritée. Malheureusement je doute que ton intervention arrive à temps.
Ici, je suis interrompue par Lesclide, qui vient probablement à propos de cette déplorable affaire. 11h. Tu as vu Lesclide que je t’ai envoyé. Tu sais maintenant où en sont les choses et ce qu’en pense notre admirable ami Meurice. J’attends avec impatience de savoir quel parti et quel conseil tu as pris et donné. J’espère que ton grand cœur aura su trouver moyen d’empêcher la perpétuation de cette mauvaise action. Pauvre grand adoré, tu n’avais pas besoin que cette « vilénie » vînt gâter la pure joie de ton triomphe. Cette lâche attaque contre ton meilleur, ton plus dévoué et ton plus filial ami, honte à jamais à celui qui a osé concevoir cette turpitude, et admiration et reconnaissance éternelles à notre cher Meurice. Bénédiction et adoration à toi de toute mon âme.

MVH-ms-a9175
Transcription de Michèle Bertaux

Notes

[1Allusion possible à cette caricature de Paul Meurice par André Gill, à paraître dans La Lune Rousse le 2 décembre 1877. Les caricaturés devaient donner leur autorisation avant parution. Paul Meurice pouvait donc en avoir déjà connaissance. La légende « Plus cher qu’au bureau » peut laisser entendre que Meurice, tirant un profit personnel de ses relations privilégiées avec Victor Hugo, revend plus cher qu’au bureau de location de la Comédie-Française ses billets de faveur pour la reprise d’Hernani, très courue, comme l’indique la suite de la lettre. (Remerciements à Gérard Pouchain, Bertrand Tillier et Guy Rosa).

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