26 mai [1844], dimanche soir, 10 h. ½
Mon Toto, adoré, je t’aime, je te désire, je t’attends, je t’adore. J’étais bien pressée tantôt à cause du divers moutarde que j’attendais et en effet la pauvre Mme Tissard est arrivée que je n’avais pas encore fini mes peigneries. J’ai donc eu tous les pauvres enfants, le petit Pierceau et les petits Lanvin. Tout s’est bien passé à l’exception du petit bonhomme qui est tombé sur son nez. Il y a eu du sang de répandu, des pleurs de versés, et des cris vociférés et hurlés sur tous les tons mais du reste tout s’est bien passé. Voilà, mon cher petit bien-aimé, les fous rires qu’il y a eu dans mon établissement ce soir. Et dans le vôtre, mon amour, comment s’est comportée Mlle Cocotte ? A-t-elle crié quand elle vous a mordu ? J’espère que non. Et qu’elle vous aura tous dévorés en SILENCE. Je suis impatiente de savoir ses faits et geste. Dépêchez-vous de venir et surtout hâtez-vous de venir m’apporter votre cher petit museau à baiser. J’en meurs d’envie. Il y a bien longtemps que cela ne m’est arrivé.
Juliette
Médiathèque de Fougères, Ms 112
Transcription de Florence Naugrette