17 décembre 1877

Paris, 17 décembre [18]77, lundi midi ½

Il n’est donné qu’à toi, mon formidable grand bien-aimé, de pouvoir sonner la cloche et suivre la procession en même temps. Quant à moi qui n’ai pas cette puissance, je resterai chez moi aujourd’hui pour achever de mettre en ordre tous les désordres du lundi, compliqués du blanchissage. Sans que tu t’en doutes, mon cher grand petit homme, les occupations de la maison augmentent pendant que mes forces diminuent. Cependant, mon cher petit homme, je suis résolue à aller jusqu’au bout [1]… de mes forces, sans aucune préméditation de coup d’Etat dont tu aurais à souffrir. Maintenant que le baiser Lamourette [2] a été échangé entre Mac-Mahon et Dufaure au nom du Sénat et de la Chambre [3], je ne crois pas que j’aie de prétexte suffisant pour continuer à t’accompagner à Versailles. D’ailleurs il est bon de laisser le champ libre aux nombreuses bonnes fortunes qui courent après toi, témoin celle qui t’attend à la gare en ce moment après avoir déjà tenté de forcer ta porte tout à l’heure. Je cède le pas à cette leste et fringante beauté en me bornant à t’aimer patiemment dans mon coin.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 341
Transcription de Guy Rosa