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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 février [1837], lundi, midi ½

Bonjour mon cher adoré, j’espère que tu auras passé une bonne nuit Toi. Quanta à moi, il est impossible d’en passer une plus mauvaise que cette dernière.
J’ai là un bain, je ne sais pas si je fais bien de le prendre. Je ne tousse pas, mais j’ai un mal de gorge violent. À tout hasard je me risque. Je t’aime mon cher petit Toto, j’ai passé toute la nuit à le penser et à le sentir. Je voudrais bien n’être plus malade, d’abordb parce que je suis hideuse, ensuite parce que je ne serais plus grognonnec ni méchante.
J’ai pleuré toute la nuit, aussi les yeuxc me sortent-ils de la tête ce matin.
Je me sens malade comme l’année passée à peu près à pareille époque et c’est ce qui m’effraye car ça m’a duré assez longtemps. Décidément, je ne suis pas à mon aise, tu en jugeras toi-même quand tu me verras, je suis bien laide. Je me dépêche de t’embrasser parce que mon bain m’attend depuis déjà longtemps.
Je t’aime mon Toto chéri, je t’adore mon cher petit homme. Tu es beau, tu es bon et tu es mon Toto bien aimé.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 155-156
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « quand ».
b) « dabord ».
c) « aussi j’ai les yeux ».
c) « gronon ».


13 février [1837], lundi soir, 4 h. ¼

Mon bon cher adoré, vous êtes mon Toto et je vous aime.
J’ai pris sans me sentir beaucoup soulagée mon bain. Je ne me suis pas recouchée cependant, espérant passer une meilleure nuit en restant debout. J’ai une envie féroce d’envoyer chercher le petit encrier. Faut-il ? Faut-il ? Ma foi, tant pis, je dis OUI, d’ailleurs je veux qu’il soit dit que c’est moi qui vous ai donné cette petite monstruosité. Vous savez qu’on ne vient pas et qu’on ne viendra pas chercher les 50 F. On NOUS EN FAIT CADEAU.
Je vais envoyer la bonne chez le marchanda avec une ruse infernale pour tâcher de l’avoir à 20 F. J’ai bien peur cependant de sauter par-dessus la barricade [S ? 5 ?] au risque d’y accrocher une bonne DANSE DE VOTRE RECONNAISSANCE.
J’ai vais envoyer : voilà que j’envoie… On est parti ! Le sort en est jeté. Tu me gronderas-ti ? tu me battras-ti ? tu me tueras-ti ?ou tu m’aimeras-ti ?
J’ai dépensé que 8 sous ½ aujourd’hui. Et encore, je ne mange pas : autant de gagné pour demain. Ainsi, je peux bien acheter un encrier si je veux, ça vous ne regarde pas. [MI MI MI ? MÉ MÉ MÉ ?]
J’ai bien du bobo mais, je peux pas avaler mon eau et mon lait, je suis très malade. Il faut bien m’aimer, je t’aime tant.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 157-158
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « marchand ».

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