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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16324, f. 142-143

Dimanche après-midi, 1 h.
Fin juillet 35a
[Dimanche 19 juillet 1835]

Vous êtes fièrement bête quand vous croyez ou quand vous dites que je ne vous aime pas. Jamais je ne vous ai aimé autant qu’à présent, c’est bien sûrb et je viens de vous en donner la preuve la plus convaincante il n’y a pas une heure.
Quelle charmante journée nous avons passéec hier, combien celles qui vont suivre après le 25 seront plus charmantes encore puisque nous n’aurons pas à nous quitter à aucun instant du jour ni de la nuit [1]. Quel malheur si ce voyage n’avait pas lieu, rien que d’y penser, cela me rend triste jusque dans le fond de l’âme. Mais mon Toto, tu feras tout ton possible pour que ce malheur n’ait pas lieu, n’est-ce pas ? Tu désires ce voyage autant que moi, n’est-ce pas ? Il y a si longtemps que nous n’avons vécu de la même vie ensemble. Je serais bien malheureuse s’il me fallait renoncer à ce bonheur.
Je viens de lire le plus stupide article dans l’Indépendant, signé Lassailly [2], qu’il est possible d’être. Il paraît que les affreux œufs qu’il portait derrière ses oreilles se sont crevés et ont coulé sur le journal ou cette vilénied est restée, pouah !
Mon Victor, je t’aime. Mon grand poète, je t’admire.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16324, f. 142-143
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) Date rajoutée sur le manuscrit d’une main différente de celle de Juliette.
b) « sûre ».
c) « passés ».
d) « vilainie ».

Notes

[1Ils partiront en voyage le 25 juillet 1835 (Île-de-France, Picardie, Normandie) et rentreront le 22 août, ce qui permet de dater la lettre.

[2Dans L’Indépendant du dimanche 19 juillet 1835, Charles Lassailly écrivit un article sur la qualité des dramaturges français classiques qu’il encense, Racine et Molière, et sur la médiocrité des dramaturges contemporains, particulièrement Victor Hugo : « L’auteur de Marie Tudor et d’Angelo ne trouve plus un seul homme qui consente à associer l’autorité de sa critique au système enfin réprouvé des plus folles compositions ».

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