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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er janvier [1837], dimanche matin, 8 h.

Bonjour mon bien venu, bonjour mon bien aimé, bonjour mon cher petit amant adoré. Je te donne un seul baiser pour tes étrennes, mais dans ce baiser il y a mon âme toute entière. Je ne te fais pas de compliments, mais je prends avec toi et avec moi, l’engagement de me corriger de tous les défauts de mon caractère qui te blessent et qui nous attristent : et je crois que j’y parviendrai.
Je t’aime tant que tout me sera possible
Je t’écris debout. J’ai là un bain qui m’attend et que je vais prendre pour être propre toute l’année.
Jour mon Toto : il ne faut pas le jeter au coin de la porte ce bon vieux jour, il faut le garder toute notre vie, cela nous rappellera le temps si charmant on nous empruntions le naïf et frais langage des enfants pour exprimer une passion non moins fraîche et non moins naïve. Jour, mon Toto. Je baise tes pieds, tes mains, ton cou, tes dents, tes lèvres, tes yeux, ton front et tes cheveux et si votre âme montre le bout de son nez je la prendrai pour mes étrennes.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 1-2
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette


1er janvier [1837], dimanche, 2 h. après midi

Ta lettre [1], ta bonne lettre, ton adorable lettre, que je l’ai baisée et mangée de caresses. Oh ! que je t’aime. Je viens de renvoyer ma fille pour la lire à genoux devant ton portrait. Ce sont des enfantillages peut être mais dont le retentissement est sérieux, religieux et saint comme l’amour qui les inspire.
Quand tu viendras tu me trouveras toute joyeuse et rayonnante comme le premier jour où tu m’as dit : je t’aime. Mon bien aimé, mon amour, je suis très contente, je suis très heureuse, je suis au ciel : tu m’aimes. Tu m’aimes mon Toto. Ta bonne lettre, ta chère lettre me l’a dit. Tes yeux, ta bouche et ton âme me le diront encore mieux tout à l’heure. Oh ! oui je suis bien heureuse, bien comblée. Je ne désire rien, je n’ai besoin de rien. J’ai ton amour, ton amour qui ferait envie à Dieu lui-même si Dieu était une femme. Merci adoré, merci toi, merci du cœur et de l’âme. Jour je suis très sage bien sûre bien vrai.

Juju

BnF, Mss, NAF 16329, f. 3-4
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Victor écrit à Juliette une lettre à chaque 1er de l’an.

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