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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 6 novembre [18]77, mardi, midi ¾

Mon cher bien-aimé, j’hésite à te prier de me faire avoir une entrée au Sénat demain et après et pour tout le temps que durera cette situation irritante et quelque peu inquiétante. Autrefois tu n’aurais pas admis que je ne sois pas avec toi partout et toujours. Maintenant tu me trouves à peine assez bonne pour garder ta maison. Cela m’attriste plus que je n’ose te le montrer et il faut que je prenne mon courage à deux fois pour t’en parler aujourd’hui avec l’aide de mon pauvre petit gribouillis. Peut-être, si je te vois affectueusement disposé à me faire plaisir et justice, pousserai-je l’audace jusqu’à te prier de demander pour moi à Baze, ou à l’un de nos amis qui sera le plus près de toi à la réunion de ce soir, de me faire entrer demain. En attendant, je continue de t’aimer comme un pauvre chien que je suis.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 301
Transcription de Guy Rosa


Paris, 6 novembre [18]77, mardi soir, 4 h.

Je regrette maintenant de n’avoir pas donné congé pour ce soir à ton neveu Léopold et à Robelin, cela t’aurait rendu libre plus tôt, et moi aussi car je crains que tous les deux ne prolongent la soirée pour moi seule par politesse. Quant à aller à Versailles demain, j’y renonce dès à présent, ne voulant pas t’en faire une scie ni à moi non plus. Il y a un tas de proverbes de circonstance que je m’adapte tant bien que mal : tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle s’emplit… d’une douce indifférence jusqu’au bord. C’est à peine si j’y vois assez pour finir mon gribouillis tant le ciel est barbouillé. On se croirait en plein mac-mahonage barométrique. Je crains que ta promenade ce soir ne s’en ressente et que tu sois forcé de la faire dans l’intérieur de l’omnibus, ce qui équivaut presque à ne pas sortir du tout. Je t’aime, je t’aime, je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 302
Transcription de Guy Rosa

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