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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 septembre, mercredi [illis.]

Que je t’aime, que je t’aime, mon adoré, [illis.], que je m’éveille ou que je m’endorme, je sens que je t’aime toujours davantage. Comme tu as été bon, doux et tendre cette nuit, mon bien-aimé. J’aurais voulu te donner mon âme dans un baiser, mon cher, cher amour [illis.]. Dès que je te perds de vue c’est là mon souci et ma préoccupation : te revoir [illis.] quelque [illis.]. C’est vrai que tu es ma vie, mon Dieu et mon tout, mon Victor ravissant, tu serais heureux même à travers l’affreux malheur qui te remplit le cœur de deuil. Je t’aime, je t’aime. Je voudrais baiser tes chers petits pieds. Je voudrais te caresser et te [illis.] et je voudrais t’emporter au ciel. Mon Victor adoré, pense à moi. [illis.] viens chez moi. Moi je vais prier Dieu pour que tu ne souffres pas et pour qu’il te donne le désir de me voir et le besoin de m’aimer. [illis.] tu [illis.] m’avoir apporté les lettres et les vers que je voulais lire, mon adoré, mais tu t’es trompé. Je les ai cherchés cette nuit dès que tu as été parti et je ne les ai pas trouvés ! Si tu y penses tu me les apporteras. C’est un besoin doux et triste pour moi de lire tout ce qui se rapporte à toi [illis.].

BnF, Mss, NAF 16352, f. 131-132
Transcription de Florence Naugrette

a) « préocupation ».


20 septembre, mercredi [illis.]

Je ne veux pas te faire grâce d’un seul gribouillis, mon Toto adoré, c’est pour cela que je t’écris celui-ci dans l’intervalle du matin au soir pour me rabibocher de celui que je n’ai pas pu t’écrire hier. J’ai reçu une lettre de Brest de ma sœur et de son mari. Ces pauvres gens ont été vraiment [illis.] par l’affreux [illis.] qui nous [illis.]. Ils m’écrivent tous les deux une lettre très touchante et très sentie. Je les aime de t’aimer. Que fais-tu, mon cher petit ? Fais-tu toujours ton classement de [illis.] et tes rangements de livres ? Penses-tu à moi, me [illis.]-tu, m’aimes-tu, mon Toto bien-aimé ? Moi, comme tu le vois, je ne pense qu’à toi, je n’aime que toi, je ne m’occupe et je ne désire que toi. Pauvre bien-aimé, pourquoi ne suis-je pas toujours avec toi ? Je donnerais [illis.] la moitié de ce qui me reste à vivre pour ne pas me séparer de toi un seul instant pendant l’autre moitié. Mon Victor chéri, pense à moi et tâche de venir tantôt une toute petite minute. [illis.] de voir ton adorable petite figure et de baiser ta chère petite bouche. Et à ce sujet je ne peux pas m’empêcher de blâmer le sans-gêne de M. Pradier non envers sa fille, mais envers cette pauvre Mme Lanvin si accablée et si souffrante. Vraiment ce pauvre homme-là manque [illis.] qui est égard et convenance. Enfin il faut vouloir ce qu’on ne peut empêcher, mais dans mon for intérieur je suis loin [illis.] qu’est-ce que [illis.] tout ce que [illis.].

BnF, Mss, NAF 16352, f. 131-132
Transcription de Florence Naugrette


20 septembre, mercredi soir 5 h. ¾

Enfin, mon cher bien-aimé, me voici à [illis.] de la poussière. Cela n’a pas été sans peine, je t’assure.Mais aussi me revoilà dans ma maison propre et rangée. Il ne manque plus que [illis.] toi [illis.] souriant et heureux. C’est [illis.] Cela reviendra si le bon Dieu écoute mes prières et si tu m’aimes toujours.
Pauvre bien-aimé, je n’ai pas [illis.] je pensais à toi, je te voyais, je te disais les choses les plus tendres de mon amour et j’admirais ta ravissante figure si douce et si belle malgré la douleur. Pauvre ange navré, est-ce que je ne te verrai pas venir tout à l’heure ? Cela me donnerait des forces pour t’attendre le reste de la soirée. Tâche de venir, mon Toto chéri, et tu me rendras bien heureuse.
Lanvin est venu dire que c’est aujourd’hui [illis.] et qu’il ne mènerait Claire que demain chez son père. Suzanne est allée chercher la lampe pendant que Claire [illis.] nos rangements. Il fait presque nuit ; je viens de faire [illis.] Mon Dieu que je serais donc heureuse si tu venais ; Pardonne-moi mon cher adoré d’être heureuse quand tu souffres. Cela ne m’empêche pas de sentir et de partager ton chagrin. Mais dès que je te vois, il me semble que tous les malheurs, toutes les douleurs et toutes les tristesses sont cachés ou endormisa. Ton amour, c’est ma vie. Pense à moi mon cher petit homme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 133-134
Transcription d’Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « cachées ou endormies ».

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