Guernesey, 27 juin 1860, mercredi matin, 8 h.
Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, je t’aime. Comment vas-tu ce matin ? As-tu enfin réussi à dîner hier au soir ? Comment as-tu passé la nuit, mon pauvre petit homme ? Je ne saurai tout cela que tantôt mais en attendant j’espère que tout s’est bien passé et que tu vas très bien. Tout ton monde doit être sur les dents ; heureusement que c’est aujourd’hui le dernier jour. S’il est venu autant de monde hier au soir qu’on le dit il restera peu de chose à liquider aujourd’hui des lots du bazara. Pour ma part j’en serai charmée, dussent mes quatre numéros ne me rapporter que zéro pour tout gain. En somme le bazar aura tenu plus que le public guernesiais ne paraissait vouloir promettre et c’est bien fait et j’en suis bien heureuse pour ta bonne chère femme à qui revient tout l’honneur de cette charitable initiative. Nous verrons quelle suite [1] les Guernesiais donneront à cette bonne œuvre si courageusement et si bien commencée ; jusqu’à présent ils se sont trop DISCRETEMENT abstenus. Ce dont je ne m’abstiens pas, moi, c’est de t’aimer à plein cœur et de te baiser de toutes mes forces.
BnF, Mss, NAF 16381, f. 168
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « bazard ».