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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 mai 1860

Guernesey, 18 mai 1860, lundi matin, 7 h. ½

Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour presqu’à l’aveuglette puisqu’il fait terne et sombre ce matin. Heureusement que ton amour fait toujours soleil dans mon cœur et que je ne crains pas de me tromper en y prenant mes tendresses et mes baisers. Mais quel temps ! grands dieux ! Ce serait à donner des rhumatismes aux poissons rouges et la goutte aux merlans. Quant à moi je calfeutre ma podagrerie de mon mieux pour échapper à la contagion de la MUCREUR [1] mais j’ai bien de la peine à m’en garantir. De ton côté, mon cher bien-aimé, tu feras bien de prendre toutes les précautions possibles pour te préserver contre cette humidité permanente. Comment as-tu passé la nuit, mon cher petit homme ? T’es-tu couché tard ? Moi je me suis couchée tout de suite et j’ai très bien dormi jusqu’à trois heures. À partir de ce moment-là depuis quelque temps je ne fais plus que sommeiller jusqu’au matin mais cela ne me fait aucun mal et je ne m’en sens pas fatiguée. Mais ce que je désire par dessus tout, ce qui importe à ma santé, à mon bonheur et à ma vie c’est que tu te portes bien, que tu sois heureux et que tu m’aimes. Voilà, mon cher bien-aimé, ce qui convient à l’hygiène de mon cœur, de mon âme et de mon corps. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 115
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Mucreur (patois cauchois) : humidité.

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