Paris, 25 juin [18]72, mardi soir, 4 h. ½
Encore une journée fatigante et pénible que celle-ci, mon pauvre grand homme, heureusement qu’en voilà bientôt les deux tiers de passés. Espérons que ce qui en reste s’écoulera sans de nouveaux soucis et sans d’autres chagrins. Quant à toi, mon intrépide bien-aimé, tu fais et tu veux faire face à tout, même à la foule des jolies femmes qui encombrent ta maison tous les jours. Aujourd’hui tu as dû donner audience aux plus ébouriffantes d’entre elles si j’en juge d’après leurs toilettes plus qu’élégantes. Pour rompre un peu la monotonie de ce Longchamp à domicile, j’ai envoyé chez toi un monsieur à cheveux blancs qui désirait te voir et te parler en personne. Ai-je bien fait, not’ maît’ ? Ao yes pai biocoioupa. Une autre fois j’en enverrai deux vieux bonshommes. En attendant gobergez-vous avec ce tas de grandes et de petites dames. Voilà qu’on sonne, qui cela peut-il être si ce n’est vous ou toi. Hélas ! ce n’est ni l’un ni l’autre, c’est une erreur de mon oreille. Et je continue de t’aimer dans ma solitude.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 181
Transcription de Guy Rosa
a) La transcription de ce mot « franglais » n’est pas certaine.