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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 juin 1872

Paris, 16 juin [18]72, dimanche matin, 7 h. ¾

Bonjour, mon grand petit homme, je t’adore. N’oublie pas que tu m’as promis de venir me voir tous les matins, maintenant que tu prends le sage parti de sortir tous les jours. Quant à moi je suis rivée à ma marmite. Et tant que tu n’auras pas renoncé à héberger dix ou douze personnes tous les soirs, je ne pourrais pas sortir, ni soir ni matin ni dans la journée. Dixit [1]. Je n’ajoute rien à ce latin étonnant. La journée promet d’être chaude aujourd’hui. Dès à présent je renonce à me vêtir et j’arbore la Bannière de madame Chose, toute prête à la lever si le besoin s’en fait sentir. Autre guitare, je ne crois pas que le citoyen Blum [2] réussisse dans sa tentative d’impresario odéonien et cela au grand contentement de Mme P. M. [3] qui paraît ne pas se soucier beaucoup du succès de cette démarche. Quant à moi je n’ai pas d’opinion sur ce sujet. Pourvu que je t’aime et que tu m’aimes tout m’est égal ou plutôt tout me va.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 170
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1On attendrait plutôt dixi mais elle a dit n’est pas dépourvu de sens.

[2Ernest Blum (1836-1916), journaliste – en particulier auprès du Rappel – et dramaturge polygraphe (vaudevilles, livrets d’opérettes, etc.) le plus souvent en collaboration avec d’autres auteurs parmi lesquels Labiche.

[3Vraisemblablement Mme Paul Meurice.

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