Guernesey, 13 juillet, [18]70, mercredi matin, 6 h.
Bonjour, mon cher magnifique adoré, bonjour. Comment ta nuit et comment celle de toute ta maisonnée ? Bonne, n’est-ce pas ? La mienne aussi, quoique j’aie eu beaucoup de peine d’abord à m’endormir. J’étais tellement agitée par la trombe de cadeaux plus superbes les uns que les autres qui venait de s’abattre sur moi, que j’en étais toute fiévreuse [1]. Maintenant je les ai déjà réadmirés à tête et à cœur reposés et je les trouve encore plus beaux qu’hier, si c’est possible. Je t’envoie à toi, spécialement, mon remerciement le plus attendri et le plus reconnaissant [2]. Je ferai encore une fois mes plus gracieux à la charmante et bonne Mme Charles. Je désirerais même, si tu ne t’y opposesa pas, offrir à Mme Charles mon aumônière de vieil argent qu’elle a beaucoup admirée hier. Je pense que cela lui fera plaisir et à M. Charles aussi. Si je me connaissais un autre bibelot qui lui plût davantage, je le lui donnerais de préférence, et mieux encore, tous les deux à la fois. Quant à toi, je te donne pour l’éternité mon âme toute entière.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 191
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette
a) « oppose ».