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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 mai 1870

Guernesey, 24 mai [18]70, mardi matin, 6 h. ½

Bonjour, mon grand, vénéré, admiré et adoré bien-aimé, bonjour. Je suis encore sous l’impression grandiose, attendrie et éblouie de la lecture d’hier [1]. Que c’est beau, que c’est bon, que c’est sublime ! Ton génie n’a jamais été plus fier, plus fort, plus magnanime et plus équitable dans ces vers divins que tu as eu la bonté de me lire hier. On croirait entendre la voix de Dieu lui-même et on serait tenté de se prosterner en t’écoutant. Je suis sûre que si la France pouvait entendre ta parole comme je l’ai entendue hier soir et voir ton noble visage indigné et doux elle ne résisterait pas une minute à l’évidence et chasserait séance tenante tous les Bonaparte avec dégoût. Malheureusement ta parole donnée est sacrée et tu ne peux pas l’enfreindre [2] même pour faire triompher la sainte cause de l’humanité une seconde plus tôt. C’est à Dieu de faire le reste maintenant. J’espère que tu auras de bonnes nouvelles du Rappel. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16391, f. 144
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

Notes

[1Depuis le 16 mai Juliette réclamait cette lecture.

[2« Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là », a écrit Hugo dans « Ultima verba », dernier poème de Châtiments, jurant de ne revenir en France qu’une fois Napoléon III destitué.

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